dimanche 3 mars 2013

Poids lourd Combines pour plus de rentabilité






Disques trafiqués, alcoolémie, vitesses excessives, matières dangereuses non signalées... En 21 dossiers, le tribunal correctionnel d'Angoulême a fait hier un tour des combines en vogue dans le milieu des routiers qui cheminent sur les RN 10 et 141 en Charente. Des combines que gendarmes et contrôleurs de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) traquent tout au long de l'année, en particulier sur une Nationale 10 qui voit défiler chaque jour 10 000 poids lourds en moyenne avec des pointes à 12 000.



Hier, le tribunal a cogné sur les routiers espagnols, brésiliens, bulgares, hongrois et portugais pris par la patrouille. De 1 500 à 4 500 euros d'amende chacun. Deux mois de prison ferme et une interdiction de circuler en France pendant un an pour l'un d'eux. Plongée dans les grands et petits arrangements avec la loi et la sécurité pour un objectif: rouler, rouler et être encore plus compétitif. Au détriment de la sécurité.


Bidouiller le disque, un vrai sport



Trafiquer le chronotachygraphe, le fameux mouchard des poids lourds, c'est LE sport le plus pratiqué dans le monde des routiers fraudeurs.



Ce gendarme a vu de tout: plombs sautés; étalonnage du disque bidouillé pour faire apparaître une vitesse de 80 km/h lorsque le camion circule à 100; stylets tordus au point de parfois faire apparaître des vitesses négatives; trombones insérés dans l'alimentation du disque pour provoquer un court-circuit et rendre le système inopérant...



Pour faire taire le mouchard, l'imagination est sans borne. Et le fraudeur pas si bête: «Ils le font surtout la nuit, quand ils savent qu'il y a moins de contrôles.» Le disque enregistre tout: les vitesses en temps réel, les temps de conduite, les temps de repos. Un disque désactivé et un routier peut faire croire qu'il a dormi six heures alors qu'il circulait.



Avec le chronotachygraphe numérique, la tâche des gendarmes s'est compliquée. L'outil est si pointu que les contrôleurs routiers de la Dreal sont indispensables. Première parade des chauffeurs: accoler un bon vieil aimant au niveau de la boîte de vitesses. Le champ magnétique désactive l'enregistreur.



Problème: lorsque le disque, mécanique ou numérique, est bidouillé, le compteur du camion n'enregistre plus le kilométrage. Ce qui peut poser des problèmes pour savoir quand faire la vidange. «Ceux qui font ça posent un second compteur au niveau des essieux pour savoir où ils en sont», décrit le gendarme.



Au point mort pour viser les 150 km/h



Lorsqu'ils ont contrôlé le routier espagnol au printemps dernier , les gendarmes ont cru faire erreur. Des pointes fréquentes à plus de 130 km/h, une vitesse record à 155 dans les Pyrénées. Le mouchard n'était pas devenu fou. Le routier a expliqué. «Il prenait de l'élan dans les descentes, puis se mettait en roue libre», décrit Lionel Garnaud. Le poids de la remorque poussait la cabine. Et en avant les pointes! «C'est extrêmement dangereux, grince le gendarme. Au point mort, le camion ne peut plus être maîtrisé. Il n'y a plus de freinage, plus de contrôle.» Le routier a pris son amende et son dossier a été transmis à la justice.



Des boîtes spécialistes de l'infraction



«Cette entreprise est multi-infractionniste. Avec les collègues de Charente-Maritime et de la Haute-Vienne, on la connaît par coeur», a dit hier à la barre du tribunal un contrôleur des transports de la Dreal. Dès qu'il voit une remorque de cette entreprise de transports installée au Portugal et qui possède une succursale aux Pays-Bas, l'agent flaire l'infraction. Les faits ne lui donnent pas tort.



Maine-de-Boixe, le 29 septembre 2011. Il scrute le disque d'un routier. «Le disque indiquait qu'il ne roulait que depuis 30 minutes. Or la veille au soir, il était en Hollande. C'était donc impossible.» Le contrôle a duré, duré. «On a établi que sur les vingt-quatre dernières heures, il avait roulé au moins dix-huit heures», dit l'agent, photo des péages à l'appui. Et de dépeindre le tableau noir des combines de l'entreprise: paiement au péage avec des cartes ne correspondant pas à l'immatriculation des camions; documents au nom d'autres chauffeurs que celui qui est au volant. Ce jour-là, le camion a été immobilisé.



Consignation fixée à 4 500 euros. «Ils sont tellement organisés qu'ils ont une assistante qui ne s'occupe que de ça. En quelques minutes, elle avait effectué le règlement depuis le Portugal», souffle le contrôleur, amer. Hier, l'entreprise a été condamnée à 4 500 euros d'amende. «On demande des condamnations à hauteur des sommes consignées, le vice-procureur. Si nous allions au-dessus, nous aurions des difficultés pour récupérer les sommes auprès d'entreprises dont le siège n'est pas en France. C'est aussi pour ça que les consignations sont élevées.»



Dossier suivant. Même entreprise. Le poids lourd transportait des matières inflammables. Sans indication, sans déclaration. «ça leur permet d'emprunter des routes interdites aux matières dangereuses et de rouler à 80 km/h plutôt qu'à 70», révèle le contrôleur de la Dreal; 10 km/h de plus en moyenne, c'est une à deux heures gagnées chaque jour. Problème, en cas d'accident, les secours ne savent pas qu'ils interviennent sur un ensemble explosif. «Si le chauffeur est incarcéré et que rien n'est déclaré, les secours sont susceptibles d'utiliser une scie circulaire. Jugement: 4 500 euros d'amende.



Les nouveaux esclaves de la route



Rouler, rouler, rouler. Derrière des chauffeurs poussés à accumuler les kilomètres, il y a des entreprises prêtes à tout pour décrocher les marchés, optimiser les profits. «Tous ces délits, c'est uniquement pour augmenter la rentabilité», note le gendarme. Il en a vu des chauffeurs le remercier de l'avoir arrêté. «Récemment, un Polonais pleurait en partant et nous remerciait de l'avoir arrêté. Il était épuisé. Grâce au contrôle, il avait pu dormir près de vingt-quatre heures.»



Sur les routes, au volant des frigorifiques immatriculées en Europe de l'Ouest, les gendarmes tombent de plus en plus souvent sur des routiers ukrainiens, russes. «Employés sous contrat hors Union européenne.» Ils roulent sans cesse, pour 700, 750 euros par mois. Ce sont les nouveaux esclaves de la route. Certains se rebellent. C'est rare. «Mais parfois, un routier nous voit et s'arrête de lui-même en nous demandant de le contrôler parce qu'il n'en peut plus du rythme qu'il subit» 
C'est dramatique au niveau de la sécurité, de la concurrence et du bien être des conducteurs

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Votre document est effrayant, mais vous devriez peut etre pas donner des infos sur les facons de le faire.
    Mr hebert

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour je connait bien des choses sur cela et je dirait pas le plus que jai connu, ses bien de incriminé les autre routier européen, mes ses l'ouverture des frontières, en France on a plus le droit de roulé samedi et dimanche et ferries, sur le GB pas de problème.le travail coute trop chère en France et ont vous paye pas, trop de restriction. donc les autre le font a notre place et ont pleure qui a du chômage. les groupe de transports en embauche en France pour pas payer le routier Français. a quant la liberté de travailler ça deviens grave il faux payer pour travailler en France. un ex routier en inter sympa.

    RépondreSupprimer